L'échouage d'un cachalot de 9 mètres de long, ce mardi 5 avril 2016 sur la plage de Pampelonne , est l'occasion pour la Communauté de communes de rappeler ce qu'il faut faire - et surtout ne pas faire - si vous êtes témoin d'un tel évènement. En tant que correspondante du Réseau National Échouage (RNE) depuis 2013, l'Intercommunalité est ainsi confrontée, pour la deuxième fois depuis le début de l'année, à une situation qui se révèle être trés complexe.
En effet, la rencontre avec un dauphin ou une baleine, fussent-ils échoués, fascine toujours. Elle peut représenter un moment rare d'approche entre un promeneur et un membre de cette grande faune sauvage généralement inaccessible.
Fin janvier, c'était un jeune dauphine bleu et blanc (Stenella coeruleoalba: espèce la plus abondante de Méditerranée) femelle d'1m60 qui venait s'échouer en baie de Cavalaire-sur-Mer.
Et en ce début avril, c'est la carcasse d'un cachalot de 9 m que le sémaphore de Camarat avait signalé la veille de sa découverte sur la plage de Pampelonne, dérivant au niveau du lieu dit le Gros Vallat, à 50 m du rivage environ.
Malgré les apparences l’échouage est loin de s’arrêter au « départ » du mammifère mort…Les badauds s’agitent et la curiosité est latente.
C'est généralement l’efficacité des services communaux - police municipale et services techniques –qui permet très vite de donner l’alerte et d’évacuer l’animal.
(Mardi 5 avril 2016, la mâchoire du cachalot a été extraite de l'eau puis entreposée à la déchèterie de Ramatuelle avant d'être récupérée par
le Parc National de Port-Cros).
< Signalement obligatoire
Ainsi, toutes les espèces de cétacés de Méditerranée, baleines et dauphins, sont des espèces protégées faisant l’objet d’une obligation de suivi.
En Méditerranée, le Groupe d’Etudes des Cétacés de Méditerranée (GECEM) forme et coordonne l’action des membres du Réseau National Echouages (RNE).
Détenteurs de la carte verte soumise à approbation du ministère de l’environnement, ces derniers peuvent participer au programme scientifique de suivi des échouages.
Le signalement d’un mammifère marin échoué est donc obligatoire pour assurer son exploitation scientifique.
Un échouage permet de faire des études et des analyses impossibles sur un animal vivant.
(La mâchoire inférieure du cétacé a été prélevée afin que soient conservées les dents et ainsi éviter les risques de pillage....)
< Collecte des données par la Communauté de communes
Dans un premier temps, le RNE dépêche un correspondant sur place afin d’appliquer le protocole de collecte de données adapté à la situation, avant que l’animal ne soit éliminé par équarrissage sous la responsabilité de la commune.
La collecte de données est ensuite assurée par la Communauté de communes via quatre agents du service Observatoire Marin, correspondants du réseau depuis maintenant trois ans.
(La collecte de données est assurée par la Communauté de communes, correspondante du réseau échouage depuis échouage depuis 3 ans).
< Des précautions élémentaires à prendre
Toutefois, si vous êtes le premier à faire cette (triste) rencontre, n’oubliez pas que certaines précautions élémentaires sont à suivre en présence d’un cadavre, de surcroît quand il s’agit d’espèces susceptibles d’être porteuses de maladies.
Rappelons que certaines d’entre elles sont potentiellement transmissibles à l’homme.
Si elle reste rare, la contamination par des maladies comme la brucellose ou le rouget est malgré tout possible…
"La mâchoire du cachalot a été sortie de l'eau avec l'aide d'un tractopelle"
Frédéric THIEBAUT, chargé de mission à l'Observatoire Marin, relate l'échouage du cachalot à Pampelonne
"Nous avons été alertés lundi 4 avril vers 16h00 par le sémaphore de Camarat de la présence d’un animal mort flottant sur le ventre, mesurant une dizaine de mètres et dérivant devant Pampelonne à 50 mètres du rivage environ. Nous nous sommes rendus sur place après avoir pris contact avec le Réseau Echouage, le Parc National de Port Cros et les services techniques de la commune de Ramatuelle qui avaient été eux-mêmes informés par le sémaphore.
La police municipale présente sur place nous a passé le relais.
L’animal dérivait lentement et s’est finalement échoué à une dizaine de mètres du rivage vers 19h00, sur le haut fond où cassaient les vagues. Il n’en a plus bougé.
Nous avons quitté la plage vers 19h30 après avoir établi un périmètre balisé au moyen des barrières pré-positionnées sur la plage par les services techniques de la commune.
Un appel au sémaphore passé à 8h30 le mardi 5 avril au matin nous a renseigné sur la position de l’animal qui s’était échoué sur le rivage pendant la nuit.
Avant de nous rendre sur place, nous avons été en contact téléphonique avec l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) qui, une fois sur place, a identifié l’animal comme étant un cachalot.
L’animal s’était échoué au centre du périmètre balisé la veille et il n’y avait pas de public autour.
Des fragments échoués ont été prélevés.
Nous avons ensuite évalué la possibilité de prélever la mâchoire inférieure pour disposer des dents et éviter les risques de pillage.
La première tentative d’accrochage de la mâchoire a été interrompue car la mer a repris la carcasse qui s’est finalement échouée de nouveau environ 250 mètres plus au sud.
Nous avons alerté les services de la mairie sur le risque que l’animal soit repris et dérive progressivement jusqu’à la zone rocheuse plus au sud, où la mise en œuvre de moyens terrestres serait plus complexe.
A ce stade, nous n’avions pas d’information sur la prise en charge de l’évacuation de l’animal par la commune et/ou la préfecture.
Le cachalot s’étant finalement bien repositionné, nous avons pu sangler la mâchoire et l’extraire avec l’aide d’un tractopelle de la déchetterie voisine gérée par le service déchets de la Communauté de communes.
La mâchoire a été entreposée à la déchetterie puis récupérée par le Parc National de Port-Cros.
De retour au bureau, nous avons reçu un appel de la Direction Départementale de la Protection des Populations qui devait organiser les opérations d’évacuation vers l’équarisseur."
Que faire en cas de découverte d'un échouage? Trois consignes clé:
< Ne manipulez surtout pas l'animal, même s'il paraît en bon état, afin d'éviter tout risque de transmission de maladie.
< Dissuadez d’autres personnes qui seraient tentés de le toucher.
< Alertez les pompiers qui relaieront l’information auprès du coordinateur scientifique du Réseau National Echouages et des services techniques de la commune
Échouages, le Saviez-vous ?
Le dauphin bleu est la première victime des échouages (75% des mammifères marins échoués)
Dans le Var, l’homme n’est pas forcément la cause directe des échouages : toutefois, le département du Var arrive en tête dans le domaine du fait de sa conformation géographique.
